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Tableau de Paris à cinq heure du matin 

1
L'ombre s'évapore
Et déjà l'aurore
De ses rayons dore
Les toits alentour ;
Les lampes pâlissent,
Les maisons blanchissent,
Les marchés s'emplissent,
On a vu le jour.

De la Villette
Dans sa charrette
Suzon brouette
Ses fleurs sur le quai,
Et de Vincennes
Gros Pierre amène
Ses fruits que traîne
Un âne efflanqué.
2
Déjà l'épicière
Déjà la fruitière,
Déjà l'écaillère
Saute à bas du lit.
L'ouvrier travaille,
L'écrivain rimaille,
Le fainéant baille,
Et le savant lit.

J'entends Javotte
Portant sa hotte,
Crier : Carotte,
Panais et chou-fleur !
Perçant et grêle,
Son cri se mêle
A la voix frêle
Du noir ramoneur.
3
Le joueur avide
La mine livide
Et la bourse vide
Rentre en fulminant.
Et sur son passage,
L'ivrogne plus sage,
Rêvant son breuvage,
Ronfle en fredonnant.

Gentille, accorte,
Devant ma porte,
Perrette apporte
Son lait encore chaud,
Et la portière,
Sous la gouttière,
Pend la volière
De dame Margot.

4
Le malade sonns
Afin qu'on lui donne
La drogue qu'ordonne
Son vieux médecin.
Tandis que sa belle
Que l'amour appelle,
Au plaisir fidèle,
Feint d'aller au bain.

Dans chaque rue
Plus parcourue,
La foule accrue
Grossit tout-à-coup.
Grands, valetaille,
Vieillards, marmaille,
Bourgeois, canaille,
Abondent partout.

5
Ah ! quelle cohue,
Ma tête est perdue,
Moulue et fendue,
Où donc me cacher ?
Jamais mon oreille
N'eut frayeur pareille,
Tout Paris s'éveille…
Allons nous coucher !

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