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Cette page a été mise à jour le  Le prix du blé au Moyen-âge

En 1898 M. d'Avenel, vient de publier une intéressante étude sur le prix du blé au Moyen-âge.

Au 12ème siècle, un hectolitre de froment valait 87 centimes dans la région qui se nomme aujourd'hui le département de l'Eure, et 43 fr. 50 dans le Bas-Rhin.
En Normandie, le blé valait 1 fr. a Nonancourt et se payait 16 fr. dans le Cotentin.

Au commencement du 13ème siècle, le prix moyen de l'hectolitre de blé était de 3 fr. 80. Il s'éleva à 5 fr. 80, dans la seconde partie du règne de Saint-Louis; un peu plus tard, il était de 6 fr. 40.
En Franche-Comté. du milieu à la fin du 13° siècle, il varia de 4 à 13 fr.; en Languedoc, de 5 à 12 fr.; en Normandie, de 0 90 centimes à 11 fr. 60 et, dans l'Ile-de-France, il baissa jusqu'à 1,17 fr. pour monter à 22 fr.
En 1289, dans le Piémont, on paie l'hectolitre 10 fr. 25 et en Alsace, 1 fr. 65.
Cinq ans après, il coûte 11 fr. 50 en Alsace et moins de 6 fr. en Piémont.

Au 14ème siècle, la moyenne du prix, pour toute la France, est de 8 fr. 60.
Mais dans une province, il se paie 2 f. 30 et dans l'autre 28 fr.-
De 1351 à 1375, la moyenne fut de 9 francs.

De 1575 à 1400, le prix moyen tomba à 4 fr. 65 en France et il était, en Piémont, de 12 à 15 fr.
Dans le premier quart du 15° siècle, la moyenne monta à 7 fr. 20.
Le prix de l'hectolitre atteint 10 fr. en Roussillon, 16 fr. en Champagne, 50 fr. dans le Languedoc. Au même moment, le froment tombait, à Paris, à 1 fr. 50 par la crainte de la venue des gens de guerre. Les marchands avaient peur d'être pillés par les Armagnacs et les Bourguignons et n'osaient pas faire de réserves. Ils vendaient à n'importe quel prix.

Au milieu du 15ème siècle, le blé était, en moyenne, à 4 fr. en 1464, l'hectolitre se vendit 1 fr. 75 à Strasbourg; 1 fr. 25 à Amiens; 1 fr. 10 à Albi; 0 fr. 85 à Paris; 0 fr. 70 en Normandie; 0 fr. 56 à Soissons.

Il est essentiel de remarquer que 4 à 5 fr. l'hectolitre ont, en argent, actuel (1898 NDLR) 24 et 30 fr. de nos jours.

En 1625, la moyenne atteint 12 fr. Or, la valeur relative de l'or et de l'argent demeurant le triple de la nôtre, car 12 f. correspondaient à 36 fr. de nos jours.
Le blé coûtait donc alors 80 % plus cher que nous ne le payons.

Sous Henri IV, la moyenne est de 35 fr., mais l'hectolitre atteignit 66 fr. à Marseille et 72 fr. à Albi.

La facilité des communications a supprimé, de nos jours, ces disettes locales et aussi les pléthores de blé, suivant qu'il y avait eu dans une région une série de bonnes ou de mauvaises récoltes.

D'autre part, au Moyen-âge, les exportations et les importations étaient extrêmement gênées par les :entraves apportées par les pouvoirs publies.
Un hectolitre de blé, pour aller de Rouen à Amiens en 1478, payait le tiers de sa valeur en frais de toutes sortes.
Aussi certaines villes constituaient- elles d'énormes réserves de blé, pendant les temps d'abondance et elles empruntaient afin de se procurer les fonds nécessaires à cette opération.
Charles-Quint, en 1527, autorisa les échevins de Lille à créer des rentes afin d'acheter dés grains vu que les blés n'arrivent pas bien par suite de la guerre avec le roi de France », écrivait-il.
Mais ces précautions, qui n'étaient pas générales, ne protégeaient pas les gens des campagnes contre les alternatives des cours.
Quel était, au Moyen-âge, le rapport de l'argent au blé et la somme des salaires?
M. d'Avenel constate qu'aujourd'hui le travailleur manuel se procure, avec les 750 fr. que produisent, en moyenne, ses 300 jours de labeur, 37 hectolitres de froment.

Sous St-Louis, le même travailleur gagnait 125 fr., représentant 30 hectolitres.

Sous Philippe-le-Bel, il n'en avait que 23.
Au 14ème siècle, il en avait 19, puis 30, 42, 24. De 1451 k 1526, l'ouvrier avait 46 hectolitres, puis 36.
De 1551 à 1575. il n'en a plus que 15
De 1576 à 1600, il n'en en a que 9.

La qualité du pain, sous l'ancien régime, était très variable. Mais, en général, elle était atroce. Le pain blanc ne paraissait que sur la table des rois.........

Extrait du Journal des agriculteurs 1898