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Cette page a été mise à jour le  06-11-2012

 

Présentation par Mr Rabaté Inspecteur général de l'Agriculture de ses observations sur la moyette en croix à quatre ailes devant l'Académie d'Agriculture

 

Les pluies prolongées de la moisson de 1927 ont causé de graves dégâts, renouvelés de ceux subis en 1925, et que nous avons pu suivre particulièrement dans les régions d'Amiens, Issoudun, Grignon, Melun.

Les gerbes de lieuse, fortement serrées par la ficelle, sont longue à sécher quand la pluie les a pénétrées. Dans ces conditions, le blé et l'avoine germent, l'orge jaunit, les grains sont dépréciés et la paille moisit.

Même avec des apparences de beau temps, il est de haute importance de mettre chaque jour les céréales en moyettes, dès que les gerbes sont liées. Beaucoup de désagréments sont ainsi évités.

 

Avantages de la mise en moyettes

La mise en moyette permet de commencer plus tôt la moisson, de couper un peu sur le vert des blés qui, par maturation lente, donnent un grain de bel aspect, de faucher des avoines qui s'égrènent moins, de poursuivre la récolte durant les éclaircies des périodes pluvieuses, de faire sécher et ressuer les pailles et les herbes qui ne risquent plus de s'échauffer en meule, de mieux répartir le travail des hommes et des attelages.

Les types de moyettes sont nombreux, et chaque région reste assez fidèle au modèle adopté : dizeaux, treizeaux, gerbes debout avec ou sans gerbe renversée formant chapeau, formes en prismes, etc.

Il serait injuste de parler de routine sur une question que la méthode expérimentale vient à peine d'effleurer. Il nous faut,  pourtant, signaler qu'en 1925, dans la Brie, nous avons vu des moyettes en gerbes debout, un peu inclinées épis contre épis, formant la table, surtout avec le Vilmorin 23, et dans lesquelles la pluie pénétrait jusqu'au lien. Dans les journées non pluvieuses, les gerbes du pourtour arrivaient à sécher à peu près à leur partie extérieure, mais l'intérieur de la moyette et des gerbes restait frais ou humide pendant des semaines. Le grain germait en abondance dans les épis tassés et dressés, dont les glumes et glumelles formaient de petits réceptacles où l'eau persistait.

C'était là une confirmation de ce fait connu que le grain qui a muri, mouillé, séché complètement et qui mouille à nouveau, germe rapidement. Il faut alors ouvrir les moyettes et disposer les gerbes en forme de tresse, en files croisées, de façon que l'épi humide reste suspendu, sans contact avec le sol ni avec les autres épis. Les gerbes ainsi disposées sont rentrées ou remise en moyettes aussitôt qu'elles sont sèche. les agriculteurs savent combien ce travail est long, onéreux et désagréable pour ceux qui l'effectuent.

 

Moyette en croix à quatre ailes

Après une vingtaine d'années d'essai, nous donnons nettement la préférence à la moyette avec gerbes en croix, qui, montée avec un peu de soin, permet de conserver sans dégâts appréciables les gerbes dans le champ pendant quatre à cinq semaines, même avec des pluies répétées, abondantes et prolongées. Par temps pluvieux, cette moyette est supérieure à celle obtenue avec neuf gerbes debout, qui est tordue ou renversée par les coups de vent et où les épis mouillés sèchent mal au centre du tas et du côté opposé au soleil.

La moyette en croix est montée avec treize ou dix-sept gerbes de lieuse, dont une, la première, couchée à plat sur le sol, avec les épis vers la pluie, la deuxième à plat sur la première et à l'opposé, épis sur épis. Sur les gerbes 1 et 2, on couche perpendiculairement les gerbes 3 et 4, formant avec les précédents les quatre branches d'une croix, dont tous les épis sont au centre avec milieu de la moyette bien plein, bombé comme dans le montage des meules. Sur ces quatre gerbes, on pose trois ou quatre couches successives, semblables à la première couche. La treizième  ou la dix-septième gerbe est un peu étalée pour coiffer le tas, couvrir les épis de la dernière couche et égoutter ses propres épis du côté d'où viennent les pluies les plus fréquentes, ordinairement le sud-ouest. La dix-septième gerbe est la moins solidement assise. Elle est parfois supprimée.

Le montage des tas est rapide. Un ouvrier suffit. Avec deux ou trois, le rendement est meilleur. Pour diminuer les trajets, les tas de treize gerbes sont préférés en moisson clairsemées et ceux des dix-sept gerbes en bonnes récoltes. L'emploi du porte-gerbes des lieuses facilite le travail des ramasseurs.

Les couches de gerbes, épis sur épis, alternant en croix deux par deux, forment quatre ailes offrant une grande surface d'évaporation avec peu d'épi exposés à la pluie. Au serrage, les  gerbes un peu aplaties sont faciles à enlever et à entasser, sans épi entremêlés, comme dans les moyettes debout.

La gerbe du dessous est parfois un peu endommagée, quand la terre est très mouillée lors de la confection de la moyette ; parfois aussi un peu la deuxième, mais les autres ne le sont pas, même après un mois de temps pluvieux, ce qui limite les risques de perte au plus à un dix-septième ou à deux dix-septièmes de la récolte. Au surplus, il est indiqué de monter les moyettes sur un sol sinon sec, du moins bien ressuyé par un rayon de soleil, après la chute de la rosée.

Ce dispositif subit quelquefois de légères variantes, avec des moyettes à trois branches ou à huit branches, au lieu de quatre, mais la préférence va nettement à la moyette à quatre branches en croix, qui est définitivement adoptée tous les ans, par tous les temps et pour tous les grains : blés, avoines et orges, par beaucoup d'agriculteurs du Sud-Ouest, du Centre et de la Beauce. L'avoine un peu verte ou herbeuse reste quelquefois un jour ou deux sur le champ, quand la pluie ne menace pas.

 

Ne rentrer que les gerbes bien sèches

La moyette de 25 gerbes en double croix mérite d'être plus connue et plus employée. Notre récolte n'en sera pas augmentée, mais nous pourrons ainsi éviter ou atténuer des pertes qui se chiffrent par millions de francs.

L'essentiel, répétons-le, est de mettre les gerbes en moyettes le jour où elles sont liées, puis de prendre patience et de rentrer seulement les gerbes qui ont pu se ressuyer et qui sont complètement sèches, afin d'éviter, en meules, des fermentations très préjudiciables à la paille et au grain. Ainsi, pour la moisson, il importe d'aller vite, presque sans arrêt, avec de bonnes équipes de ramasseurs de gerbes, quand il fait beau, et de savoir attendre, parfois longtemps, pour couper et pour serrer lorsque la pluie survient. Mais l'ardeur au travail et la patience ne sont-elles pas parmi les vertus premières du cultivateur ?

 

La moyette de 25 gerbes en double croix

Dans les moissons abondantes du Nord de la France, les agriculteurs établissent des moyettes de vingt-cinq gerbes à plat et en double croix. Après avoir établi quatre gerbes en croix, on en dispose quatre autres, également en croix, dans les intervalles des quatre premières, à plat, avec épis sur épis au centre du tas. Sur cette première couche de huit gerbes, trois autres couches semblables sont posées, et une vingt-cinquième gerbe, à plat, couvre un tas à huit ailes qui résiste bien à la pluie et au vent.

 

 

Les deux premières gerbes d'une moyette en croix
Vue en plan des quatre premières gerbes
 
Aspect de la moyette en cours de montage
La moyette terminée comprend 13 gerbes en croix